Fuir ou mourir

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Près de 100 personnes ont été accompagnées par les bénévoles de Tandem depuis 5 ans. Pour chacune de ces personnes, venir en France n’a pas été un choix mais la solution ultime pour sauver sa vie sans transiger sur son identité ou ses opinions. Chacune garde en mémoire et quelquefois dans sa chair les marques de la violence subie dans son pays d’origine. Tous sont dans la gratitude d’avoir été sauvés par l’accueil de la France.

De nouveaux arrivants en nombre : les Guinéens

Leurs pays d’origine sont souvent ceux dont on parle dans l’actualité internationale.

Après les Soudanais et les Syriens, ce sont les Afghans et les Guinéens les plus nombreux à obtenir une protection ces deux dernières années.

En Guinée, les opposants politiques sont assassinés, enfermés dans la tristement célèbre prison centrale de Conakry, où ils sont  torturés.

Certains des prisonniers arrivent à fuir grâce à des chaînes de solidarité. La plupart trouvent refuge dans les pays voisins. Quelques-uns arrivent en France.

Ils sont 7.000 hommes et femmes à avoir ainsi demandé l’asile en France en 2019. A Tandem, ils sont nombreux. Souvent, ils se racontent pour tenter de mettre à distance les cauchemars. Mais les enfants, et quelquefois le conjoint, encore au pays restent un sujet d’angoisse. La famille doit se cacher. Seule la clandestinité peut lui permettre de survivre en attendant un visa de réunification familiale pour rejoindre, à son tour, la France.

Des femmes d’Afrique de l’Ouest

La persécution pour opinions politiques n’est pas le seul motif pour avoir le statut de réfugié comme on le croit trop souvent !

De nombreuses femmes d’Afrique de l’Ouest se réfugient en France pour d’autres raisons. Elles sont nombreuses à Tandem. Elles viennent souvent du nord de la Côte d’Ivoire près de la frontière malienne, là où les traditions sont les plus tenaces. Toutes fuient un mariage forcé avec son lot de séquestrations et de meurtres.

Au pays, beaucoup d’entre elles ont disparu sans avoir pu bouger de chez elles. C’est si difficile de partir ! Où trouver l’argent ? Où cacher son enfant ? Si certaines tentent le grand voyage, c’est hélas si risqué que l’aventure est rarement couronnée de succès. Des réseaux de prostitution les réduisent en esclavage en les endettant pour plusieurs années.

Celles qui réussissent à se réfugier en France sans tomber dans les rets des mafias sont rares. Un vrai miracle que les bénéficiaires mettent du temps à intégrer malgré les années qui passent. « J’ai du mal à réaliser que c’est bien moi la jeune fille mariée de force à mon beau-frère (après que l’épouse, sœur de l’interviewée, soit morte mystérieusement NDLR). Et maintenant je suis française, je vote pour le président de la France ! » répète Fatoumata qui mesure sa chance. Car après l’obtention du statut et des années d’intégration, certains comme Fatoumata obtiennent la nationalité française qui couronne des efforts d’intégration économique et surtout culturelle.

La France protège aussi des personnes discriminées du fait de la race, comme les subsahariens en Mauritanie. La religion, qui est également un motif de persécution, donne droit au statut protecteur de la Convention de Genève. Dans de trop nombreux pays d’Afrique, il est interdit de quitter la religion musulmane si l’on est citoyen du pays. En Chine, les Tibétains et les Ouigours sont aussi des victimes de persécutions religieuses et plus largement culturelles. Enfin les risques liés à l’orientation sexuelle ou les risques d’excision, s’ils sont reconnus par la France, donnent aussi le droit au statut de réfugié.

A Tandem, ces personnes découvrent l’importance qu’accorde la France à la santé physique et psychologique. Après des années de persécutions, de voyage puis de procédure d’asile, trouver un emploi et un logement apparaît une priorité.

Mais tôt ou tard chacun découvrira que la France, qui a choisi de les protéger, peut aussi leur permettre de se soigner.

Une vie possible quels que soient ses souvenirs !

Blandine Lebrun, Présidente de Tandem Réfugiés

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