Du Tibet à la France, une périlleuse aventure !

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Lala, Tsepoten et Simon, une famille attachée à son drapeau

Lala et Tsepoten m’accueillent Porte de Vanves un jour de neige, dans leur petit studio orné de drapeaux de prière et de photos du Dalaï Lama. Autour d’un thé brûlant, Lala raconte le difficile chemin qu’elle a parcouru depuis son départ du Tibet en 2012.Cette année-là, Lala a 21 ans, son père est mort l’année d’avant. Elle habite avec sa mère et ses quatre plus jeunes frères et sœurs dans la région orientale du Tibet, l’Amdo. La famille vit de l’agriculture : quelques yacks, des vaches, un champ d’orge.

Les manifestations du 10 mars

Tous les 10 mars c’est l’anniversaire du soulèvement tibétain de 1959, quand des dizaines de milliers de Tibétains ont manifesté contre l’invasion et l’occupation de leur pays par la Chine. Ce jour est célébré chaque année par le gouvernement tibétain en exil et les personnes et associations solidaires. Bien que tabou en Chine, il a un écho important parmi les six millions de Tibétains sous contrôle chinois.

Le 10 mars 2012, Lala et ses amis participent à la manifestation. Elle fait des photos et des vidéos qu’elle envoie par les réseaux sociaux à des amis et à son oncle en Hollande. Immédiatement dénoncée, son portable est confisqué et la police vient perquisitionner chez elle. On conseille à Lala de fuir. Elle part sans délai rejoindre des nomades qui la cachent.

sLa police vient régulièrement chez elle, de jour comme de nuit, demander à sa mère de la dénoncer, la menaçant violemment. D’ailleurs, depuis, un de ses frère a été emprisonné.

Une fuite à hauts risques

Un oncle donne de l’argent à Lala, et lui obtient un laisser-passer pour voyager à l’intérieur du Tibet.

Commence alors pour elle un long périple, cachée au milieu des légumes dans la remorque d’un camion, puis entre des ballots de laine. Son voyage est émaillé de multiples contrôles de police. A Lhassa, Lala se déguise en népalaise pour tenter de quitter la Chine. Après de longues marches  avec un passeur et quelques taxis, elle arrive près de la frontière népalaise. Lala et le passeur contournent à pied le poste de frontière. Mais quand ils rejoignent le taxi, des policiers les attendent,  Lala est incarcérée 3 jours. En payant la police, elle est libérée et reprend sa route. Enfin, Lala arrive au Népal où elle  va vivre pendant trois ans, et apprendre l’anglais et l’hindi. Elle parvient grâce à un emploi de vendeuse à Katmandou à économiser assez d’argent pour acheter des papiers d’identité et un billet d’avion pour Paris.

La France !  Travailler, apprendre la langue et fonder une famille

D’abord accueillie chez un oncle en France, Lala dort successivement sous une tente, sur une péniche, puis dans les logements du Samu Social, le fameux « 115 ». C’est une période difficile !Heureusement, tout s’accélère : l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, administration française  qui accorde la protection aux demandeurs d’asile) la reconnaît réfugiée. Elle rencontre Tsepoten dont elle tombe amoureuse. Il lui fait connaître Tandem dont il est déjà membre depuis peu. Ensemble, ils louent, avec 2 autres amis, un minuscule logement. Avec le droit de travailler et grâce à une application chinoise sur smartphone, Lala et Tsepoten trouvent un emploi dans la restauration chinoise (quel paradoxe !). En octobre 2016, Lala est enceinte. Comment faire pour accueillir un bébé dans ces conditions de logement ? Bien que Tsepoten et Lala travaillent tous les 2, ils ne peuvent prétendre à aucun logement privé, leur situation économique est encore trop précaire. Le logement social ne leur sera ouvert que dans plusieurs années !

Avec l’aide de Blandine, leur accompagnatrice à Tandem, ils sont accueillis dans un logement de SNL à la porte de Vanves (l’association Solidarités Nouvelles pour le Logement) .

Fatiguée par sa grossesse, Lala donne sa démission au restaurant où elle travaille. Elle ne connaît pas les congés de maternité et ne comprend pas qu’elle pourrait faire autrement. Simon naît en Juillet 2017 et Lala s’inscrit à des cours de français qu’elle suit assidument.

Aujourd’hui, Simon a 20 mois. Il va à la crèche. Lala parle assez bien le français. Elle a repris un emploi dans la restauration. Elle espère un CDI dans une entreprise française pour stabiliser sa situation et mieux s’intégrer. Cela donnerait la possibilité à Tsepoten de s’arrêter de travailler à son tour pour apprendre le français.

L’été dernier, Lala et Simon sont partis en vacances avec Tandem dans les Alpes, une magnifique parenthèse ! 

S’intégrer en perpétuant foi et traditions

Quand je les rencontre, ils se préparent pour la fête du Nouvel An tibétain, le 5 février. Dans leur petit studio, le Tibet est partout présent par les objets bouddhistes, les tissus colorés, les drapeaux. Aujourd’hui, il leur faudrait un appartement plus grand. Ils espèrent bien trouver un nouveau logement grâce à leurs 2 salaires.

Être loin de sa famille et de son pays est difficile, il n’y a pas d’espoir de retour au Tibet. Simon ne connaît sa grand-mère que par les échanges téléphoniques.

Mais Lala et ses compatriotes, avec lesquels elle reste très proche, ne manquent jamais l’occasion d’exprimer leur gratitude comme dans cette vidéo qu’on peut voir sur YouTube, qui dit si bien  « Merci la France » !

Propos recueillis par Anne-Marie

Cette publication a un commentaire

  1. Patricia et Marcel Favel

    nous aussi après un voyage au Ladakh, nous avons beaucoup aimer l’atmosphère tibetain,et lorsque nous sommes rentré en France,j’ai ete contacte pour aider un réfugié tibetains a traduire son histoire pour l’Ofpra.a partir de ce moment là j’ai senti le besoin immense pour les réfugiés d’etre aidés,nous avons donc avec mon mari ,nos enfants,d’ouvrir notre porte et notre cœur a l’étranger comme a nos frères.a plusieurs associations
    nous avons tenu des stands,pour faire connaître la cause du Tibet.
    Nous sommes sur grenoble,
    et bien que nous ayons deux monastère Boudhiste Francais,nous aurions voulu développer un monastère face à la montagne de Belledonne ,sur le plateau du Touvet
    qui soit un lieu de pèlerinage pour les réfugiés tibétains,et des sympathisants, pour se ressourcer avec des moines des moines Tibetains.Mais à grenoble il n’y a pas beaucoup de moines tibetains.
    ou du moins on ne les voient pas.alors on attends .

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