Marie-Astrid, secrétaire générale à Tandem

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Tandem Refugies - Marie-Astrid

A quand peux-tu faire remonter ton goût pour des projets solidaires ?

Le maître mot, plus que « Solidarité », c’est « Fraternité » ! La conscience de cette Fraternité m’a poussée à m’investir. En tant que chrétienne, c’était essentiel.

J’ai d’abord donné des cours de soutien scolaire, puis j’ai participé au démarrage d’une association qui proposait aux femmes en situation précaire un accompagnement et des produits de première nécessité pour leurs enfants.

J’ai aussi participé à une association qui venait en aide aux orphelins en Roumanie.

Avec Blandine, tu es à l’origine de l’association Tandem

A l’été 2015, au gros de la crise des migrants, j’avais une très forte envie de donner énergie et temps pour cette cause qui me bouleversait. A cette époque, j’avais contacté différentes associations dont je n’avais aucun retour.

Puis, j’ai rencontré Blandine qui était bénévole à la Cimade et portait un projet en rapport avec l’accueil des réfugiés. Son projet m’a séduite, j’ai apporté mes compétences juridiques et ma volonté d’avancer. Un mois après, l’ « aventure Tandem » démarrait. Nous avons développé l’association avec toutes les personnes de bonne volonté, de toutes sensibilités, croyances, âge, etc… Une charte nous engage chacun dans le respect, la tolérance et l’engagement.

Fatoumata m’a dit la confiance qu’elle a en toi (Newsletter de janvier 2018). Peux-tu expliquer ton travail d’accompagnatrice ?

Les réfugiés ont fait le choix de vivre ! Je tisse des liens privilégiés avec chacun de ceux que j’accompagne. En créant un climat de confiance, on s’apprivoise, et s’ajuste. Fatoumata est une jeune femme pleine de vie et très courageuse. Elle sait que Tandem est sa famille comme Houlimata, Abubaker, Aissatou, Francisco et plus récemment Soumaila, Samara, Rawad et Shirin que j’accompagne aussi…

Je les aide à se confronter à la réalité. J’essaie de leur communiquer les codes de la société française. A Tandem, nous insistons sur l’importance du français pour leur intégration. En équipe nous les aidons à trouver du travail ou une formation, un logement. J’essaie de les aider à surmonter les moments compliqués, les soutenir quand la fatigue ou le doute prennent le dessus.

Avec les accompagnateurs, nous nous réunissons tous les jeudis matin. Nous sommes au courant de la situation de chacun des réfugiés suivis par Tandem et pouvons ainsi nous entraider. C’est un travail d’équipe.

Tu as un autre rôle à Tandem !

En tant que secrétaire générale, je m’occupe aussi du côté administratif et de la vie de l’association. Je travaille au développement de Tandem : nous cherchons des financements, nous rencontrons des associations avec lesquelles nous souhaitons collaborer, des institutions ou des entreprises partenaires.

Le réseau des bénévoles est une aide précieuse dans ces démarches, notamment pour la mise en contact avec des personnes qui peuvent offrir une réponse à un besoin ponctuel d’un réfugié.

Que penses-tu de l’attitude de la France sur la question des migrants ?

L’actualité est tellement violente, avec ces radeaux de fortune et tous ces morts en Méditerranée ! La réponse à donner est complexe, je ne me place pas à ce niveau politique dans mon engagement à Tandem qui est avant tout humanitaire.

Mais la France doit prendre sa part, on ne peut pas tout laisser aux seuls pays frontaliers. Aider ces migrants qui sont à nos portes, ce n’est pas une option.

Souvent, notre société évoque cette question sur le plan seulement quantitatif, administratif, juridique ou purement théorique. Mais derrière tous ces débats, il y a des femmes, des hommes, des enfants qui n’ont pas demandé à se trouver dans ces situations de déchirement.

Je pense que la France peut davantage accueillir en région et répartir sur le territoire les nouveaux arrivants. Nous travaillons ce sujet à Tandem pour proposer des solutions dans des villes où la vie est plus facile, plus paisible et moins chère qu’en région parisienne, et où il y a des logements disponibles.

Que souhaites-tu à Tandem Réfugiés et Tandem Habitat ?

Je désire vraiment que Tandem puisse accompagner le plus de personnes possible. En même temps, se pose la question de la taille de l’association. On aimerait qu’elle conserve sa taille familiale, car tout réside dans la relation humaine individuelle et le fait qu’on se connaisse tous.

Aujourd’hui, nous avons besoin de plus d’accompagnateurs. Si l’on veut aider les réfugiés à rencontrer plus de français, il faut ouvrir d’avantage l’association.

Tandem Habitat a obtenu l’agrément de la DRIHL (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement en Ile-de-France) pour faire de l’intermédiation locative. Tandem Habitat prend en location et entretient les logements. Nous recherchons actuellement des appartements à louer pour héberger des réfugiés.

Des mots pour résumer ton action avec Tandem ?

Cet engagement n’est pas une parenthèse, mais fait partie de mon quotidien. Ma relation avec les personnes réfugiées que j’accompagne, mon amitié à leur égard se confondent avec ma vie, je serai toujours là pour eux. Il s’agit vraiment de faire un bout de chemin ensemble.

Ce bout de chemin ensemble et ce qu’ils m’apportent ont, pour moi, une valeur considérable.

 

Propos recueillis par Anne-Marie

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