Une histoire de parrainage : rencontre avec Alfadel et Renaud

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Tandem Refugies - Alfadel et Renaud

RENAUD, le parrain  :

«  Bien sûr, je me sentais concerné, comme beaucoup de gens, par les problèmes des migrants…

Mais n’ayant aucune compétence pour les aider dans leurs difficultés administratives, ma femme et moi nous contentions d’avoir à leur égard, de principe, un intérêt bienveillant… Jusqu’au jour où on nous a expliqué le fonctionnement de Tandem et les buts visés par l’association : nous avons compris que s’il s’agissait bien de résoudre des problèmes concrets pour venir en aide à ces personnes, il était au moins aussi nécessaire -et urgent- de leur permettre de retrouver une chaleur humaine qui leur faisait défaut depuis trop longtemps. Une chaleur humaine à donner et à recevoir ! Le mot a fait tilt… Il nous a rejoints.

 

Cet objectif-là nous parlait parce qu’il était dans nos cordes. Il ne nous faisait pas peur. Nous avons donc, tout naturellement, eu le désir de relever ce défi qui nous correspondait bien.

Et nous nous sommes engagés comme parrains.

Nous n’avons pas choisi notre filleul. Mais la providence a bien fait les choses et je crois qu’on peut dire que nous nous sommes adoptés mutuellement. Sans aucune réticence de part et d’autre, même si je m’aperçois aujourd’hui que plus le temps passe, plus notre connivence est forte. Il faut malgré tout un peu de temps, de patience et de confiance pour s’apprivoiser

 

ALFADEL, le filleul  :

« J’ai 29 ans et je suis arrivé du Soudan en 2014. C’était dur et j’avais beaucoup de difficultés. C’est par l’église protestante que j’ai connu la Cimade.

Et en 2016, j’ai rencontré Renaud et sa femme Pascale, par Tandem. Ils m’ont proposé de devenir mes parrains.  Au début nous nous voyions au cours de réunions Tandem, avec d’autres. Mais ils n’ont pas tardé à m’inviter chez eux et nous avons pu commencer à apprendre à mieux nous connaître. C’était très sympathique. J’étais content…

 

RENAUD  :

«  Notre premier « travail » avec Alfadel a été d’essayer de détecter les besoins qui lui étaient propres. De toute évidence il était du genre indépendant et il se débrouillait plutôt bien. Du coup au début, il lui arrivait  de laisser passer du temps pour nous retrouver ou d’oublier des rendez-vous que nous pensions lui avoir  donnés… Il nous a fallu d’abord comprendre et intégrer son mode de fonctionnement pour pouvoir lui être utile tout en respectant sa façon d’être. Et je pense que peu à peu lui aussi, en se familiarisant avec nous, a été plus clair avec les codes du cadre que nous lui proposions. De toutes façons, ce qui est sûr, c’est qu’il y a toujours eu de la bonne volonté de part et d’autre. Et notre relation est aujourd’hui simple, facile, riche.

Nous avons essayé de l’aider en particulier dans ce qui pouvait le plus le pénaliser : sa difficulté avec la langue française par exemple, qui est encore une gêne.

 

ALFADEL  :

«  Mon problème c’est surtout la prononciation ! C’est difficile pour moi parce que dans le travail, on ne me comprend pas toujours…Alors Pascale m’a fait souvent travailler la question. Une soeur de Renaud qui est professeur, me donne aussi des leçons…

 

RENAUD  :

« … mais surtout, maintenant, il est vraiment intégré à la famille : il a rencontré à la maison chacun de nos enfants, mais aussi la famille élargie, les neveux, nos frères et soeurs… Il arrive à tous ces gens-là de le recevoir à leur tour et de le voir en dehors de nous. C’est l’effet boule de neige… et pour le coup c’est un réseau affectif qui crée vraiment de la chaleur humaine…et qui est bon pour son français, entre autres ! Il est même venu dans le fief familial, au fin fond des Vosges !

 

ALFADEL  :

«  Et hier soir, j’étais invité au dîner d’anniversaire du fils de Renaud…

Et je joue de temps en temps au foot avec lui…Et je connais les cousins…

Et je vais avec Pascale dans des musées, voir des expositions, ou au concert…

 

RENAUD  :

«  C’est aussi qu’Alfadel se révèle extrêmement ouvert et de nature curieuse, avec une vraie sensibilité artistique : il est intéressé par le théâtre, la littérature, la musique : tous les arts l’intéressent. C’est agréable aussi pour nous de le voir découvrir tout cela avec tant de plaisir. Il est passionné aussi par le stage de formation professionnelle qu’il a réussi à décrocher

 

ALFADEL  :

« Oui, c’est formidable : je suis en stage de formation à la restauration et j’aime beaucoup ce métier. En plus, on est logé en chambre à deux pendant les 6 mois de stage ! Je suis aussi bénévole dans un café associatif dans le 14è : tout le monde peut venir s’y restaurer pour pas cher. C’est un endroit sympathique : je sers les consommations, je rends service et c’est aussi pour moi un complément de formation.

J’ai des projets…et un rêve : ouvrir un jour un restaurant à Paris ! (grand sourire…)

 

RENAUD  :

« Pour conclure, je dirais volontiers que ce parrainage est pour nous, une aventure passionnante :  passionnant de découvrir de prés la richesse et les progrès d’une personne, d’essayer de l’aider à s’accomplir, de la voir reprendre confiance, suffisamment pour déployer peu à peu ses ailes…

Mais c’est aussi une vraie chance pour nous :  sa personnalité attachante, sa différence, sa force de vie  nous apportent beaucoup et nous font évidemment évoluer nous aussi. Ne serait-ce qu’en nous élargissant le coeur !

Propos recueillis par Véronique

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