Catherine, une bénévole engagée à plus d’un titre

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Catherine, bénévole à Tandem

J’ai rencontré Catherine, bénévole à Tandem Réfugiés depuis les débuts de l’association. Je l’ai interrogée sur son engagement et sa motivation.

Pourquoi avez-vous choisi de vous investir dans Tandem Réfugiés ?


Dès ma retraite prise, j’ai eu à cœur de m’investir dans la vie associative. J’avais fini ma vie professionnelle comme directeur de la communication de grands groupes internationaux et il me semblait que je pouvais mettre des compétences au service de la solidarité. Je  me suis d’abord engagée à Passerelles et Compétences et dans une association d’aide à l’enfance des rues en Inde.

En 2016, la question de l’accueil des réfugiés en France est devenue une priorité pour moi, l’occasion aussi de renouveler mon engagement citoyen.

Il me semblait que la France n’était pas au rendez-vous de l’histoire. Elle accueillait mal des personnes en danger dans leur pays tout en leur reconnaissant le statut de réfugié et le droit de vivre sur le sol français. Ces personnes avaient tout quitté, avaient traversé toutes sortes d’épreuves et, après une procédure de demande d’asile exigeante (sinon éprouvante), elles devaient se débrouiller pour trouver travail, logement et cours de français par elles-mêmes.

Comment se  faire comprendre de Pôle Emploi, de la Caisse d’Allocations Familiales ou des fonctionnaires des impôts avec un français maladroit ? Comment trouver un travail quand on n’a pas de diplôme français ni d’expérience chez nous ? Comment trouver un logement quand il faut 8 ans pour avoir un logement social en Île-de-France ?

Je cherchais une association investie auprès des réfugiés lorsqu’un ami m’a parlé de Blandine Lebrun. Elle avait créé quelques mois auparavant l’association Tandem Réfugiés précisément dans le but d’aider les nouveaux arrivants à s’intégrer dans notre société. Cela m’intéressait, je me suis rapidement engagée dans l’association.

Quel est votre engagement à Tandem Réfugiés ?

Chaque réfugié de Tandem reçoit un accompagnateur qui aide à résoudre les questions d’emploi, de logement et d’administration. Il reçoit également un parrain pour des moments conviviaux. Tandem propose aussi des moments festifs pour l’ensemble des membres de Tandem.

Je suis entrée à Tandem pour être accompagnatrice.  Je m’occupe de plusieurs réfugiés et les aide dans leurs démarches en tous genres. On sait  combien trouver un logement ou un travail est difficile pour nous, Français, on peut donc imaginer combien c’est problématique pour les réfugiés.

Je me suis récemment occupée d’une famille syrienne de cinq personnes. Le père était cadre à la Shell dans son pays. Il est maintenant malade et ne peut plus travailler. La mère qui était institutrice apprend le français pour trouver un emploi. Ce n’est pas facile à plus de 45 ans ! Les enfants, aujourd’hui de 17, 19 et 22 ans sont arrivés sans parler un mot de français, l’intégration dans les écoles a été compliquée. J’ai pris plusieurs fois contact avec les proviseurs, et trouvé des répétiteurs particuliers pour les enfants. Depuis, ils sont devenus de très bons élèves. J’accompagne plus particulièrement les deux filles de 17 et 19 ans qui sont respectivement en 3ème et en Première S et promises à des études supérieures. Leur intégration est pratiquement acquise.

De façon providentielle nous avons aussi trouvé un logement pour toute cette famille. Il a fallu de longues recherches et c’est arrivé au moment où je ne m’y attendais plus ! La recherche a duré deux ans car les grands appartements sont rares.

J’accompagne aussi une jeune tibétaine de 26 ans, Ngodup, qui dormait sous un pont quand elle est entrée à Tandem. Elle ne parvient pas à toucher le RSA à cause de difficultés administratives et malgré son statut de réfugié. L’emploi est encore inaccessible pour elle à cause d’un français débutant. Je l’ai orientée vers une formation de français et elle a trouvé un toit. Nous nous battons avec elle contre l’administration et nous espérons obtenir gain de cause rapidement.

Je suis ensuite devenue marraine de Rana qui est syrienne. Petit à petit, nous avons appris à nous connaître et avons tissé de réels liens d’amitié. Ma filleule est devenue une amie, je l’estime énormément et nous passons de bons moments ensemble. Elle est venue dans ma maison de vacances…

Evidemment, je participe aux moments collectifs qui sont l’occasion de rencontrer les autres réfugiés et bénévoles de Tandem.

Vous n’avez pas l’impression de devoir soulever des montagnes ?

Par beaucoup de côtés, la France est généreuse et les Français aussi. Les solutions existent toujours. C’est la coordination de cette générosité qui manque.

Si je me sens dans une impasse,  je peux échanger avec les autres accompagnateurs de Tandem. Tous les jeudis matin, nous avons une réunion pour partager nos expériences et trouver ensemble des solutions pour les réfugiés que nous accompagnons. Il y a des moments où l’on a besoin de se sentir épaulé. Ce travail d’équipe est important pour moi. Être accompagnateur est un travail collectif, c’est important pour chacun et beaucoup plus efficace pour les personnes accompagnées !

Pour moi, aider les réfugiés, c’est de la citoyenneté. C’est aussi de la fraternité, tout simplement. L’accompagnement d’un réfugié est une rencontre avec une personne et c’est passionnant ! Ces gens arrivent chez Tandem après un parcours difficile, seuls et ayant perdu leurs repères : nous les aidons à démarrer leur nouvelle vie. 

Propos recueillis par Sylvie

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